Un professeur d’économie politique à l’Université Chulalongkorn, M. Narong Petprasert, a déploré la course aux idéologies populistes engagée par différents partis pour séduire les électeurs à l’approche du scrutin prévu le 24 mars, sans que les moyens de financement de ces politiques « de rêve » ne soient annoncés.
Toutes ces mesures populistes, qu’il s’agisse de dons en espèces aux plus démunis, de la sécurité sociale gratuite ou de la mise en place d’un État providence, ne peuvent être appliquées qu’à travers une hausse de la fiscalité. Mais aucun des partis ne s’est prononcé sur les mesures de financement nécessaires à leur application, selon le professeur.
Il a déclaré que pour mettre en place de tels programmes, il était nécessaire de suivre le modèle scandinave qui consiste à appliquer des barèmes progressifs d’impôt sur le revenu des sociétés et des personnes physiques, une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) comprise entre 20 et 28 % et un taux d’imposition de 17 ou 18% pour les citoyens les plus riches. Ces mesures fiscales devront être complétées par une augmentation des droits immobiliers ou successoraux.
« Dans toute société qui aspire à devenir un État providence, où les personnes défavorisées et à faible revenu reçoivent des allocations, le gouvernement doit exiger des impôts conséquents de la part des personnes disposant de revenus plus élevés » a expliqué M. Narong. « Cependant, en Thaïlande, le gouvernement a réduit le taux d’imposition des plus riches de 30 à 19 %, les rendant ainsi encore plus riches. La question est donc de savoir où le gouvernement va-t-il trouver l’argent pour financer de telles politiques populistes ? », a-t-il ajouté.
Faire évoluer l’économie thaïlandaise
M. Narong a également noté qu’aucun des partis en lice n’a proposé de solution au chômage qui résultera, dans un avenir proche, de ce que l’on appelle la technologie de rupture, où lorsque l’intelligence artificielle et la robotique remplaceront la main d’oeuvre humaine.
Soulignant que la moitié du PIB de la Thaïlande dépend de la consommation, le professeur a affirmé que celle-ci diminuerait considérablement si davantage de personnes devaient perdre leur emploi en raison de cette technologie de rupture. Un tel phénomène se traduirait au final par une dégradation des conditions économiques nationales.
Il a fait remarquer que l’économie de marché ne soutient pas les petits entrepreneurs tels que les commerçants et les entreprises familiales, mais elle profite surtout aux grandes sociétés qui contrôlent non seulement la production mais aussi la distribution, précipitant les petites entreprises dans une situation de faillite ou de disparition.
Au lieu de soutenir l’idée d’une banque du travail pour fournir aux personnes à faible revenu des prêts bon marché pour l’éducation ou la formation professionnelle, M. Narong a déclaré que le gouvernement actuel avait choisi de soutenir un système de score de solvabilité qui n’a au final pas réussi à résoudre le problème majeur des dettes informelles en Thaïlande.
Il a également décrit les mesures populistes telles que les dons en espèces aux plus pauvres par les gouvernements précédents comme étant inutiles, estimant que l’argent se retrouvait en fin de compte dans les coffres des grandes sociétés et les rendait encore plus riches, rapporte Thai PBS.
Pendant ce temps, les candidats poursuivent leur marathon
Les leaders et les personnalités clés des différents partis politiques ont poursuivi activement leur campagne électorale ces derniers jours, à Bangkok et en province, en vue des élections législatives du 24 mars et du vote anticipé du 17 mars.
Thanathorn Juangroongruangkit, chef du parti Future Forward, a visité les districts de Bueng Kum, Lat Phrao, Wang Thonglang, Sai Mai et Bang Khen à Bangkok. Il a notamment déploré la décision de la Commission électorale d’enquêter sur les membres du parti dissous Thai Raksa Chart pour avoir appelé ses partisans à voter en faveur du Future Forward, questionnant sur quelle base légale était fondée cette initiative du tribunal.
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M. Thanathorn a également déclaré que sa formation était prête à collaborer avec tous les partis politiques, à l’exception du Palang Pracharath ouvertement favorable à la junte militaire.
Kanchana Silpa-archa, du Chartthaipattana, a quant à elle fait campagne dans le district de Dan Chang, province de Suphan Buri (centre du pays). Elle a expliqué que Suphan Buri était sa province natale mais aussi celle de son défunt père Banharn Silpa-archa (Premier ministre de Thaïlande de 1995 à 1996) et que son parti espérait par conséquent triompher dans toutes les circonscriptions de cette province.
Alongkorn Ponlabutr, du Parti démocrate, s’est rendu dans le district de Lan Sak, dans la province d’Uthai Thani (nord-ouest). Il a affirmé que son parti réglerait la pauvreté et les problèmes économiques, favoriserait la reforestation, augmenterait l’épargne, instaurerait l’éducation gratuite et stimulerait l’emploi.
Pendant ce temps, Rawee Machamadon, chef du Palang Dharma, parti qui soutient l’actuel Premier ministre Prayut Chan-o-cha, a fait campagne dans le centre-ville de Chiang Mai (nord) pour soutenir sa candidate Pailin Selaman dans la première circonscription. Des mesures ont été promises pour résoudre les problèmes économiques.