L’aéroport international de Hong Kong a perdu près d’un million de passagers en novembre. Ces chiffres constituent la plus forte baisse depuis le début des manifestations antigouvernementales parfois violentes qui ont éclaté dans la ville.
Dans ce qui s’inscrit comme la pire dépréciation depuis plus d’une décennie, l’aéroport a accueilli 5,02 millions de personnes en novembre 2019. Cela représente un creux de 16,2 % par rapport à la même période l’an dernier, soit 969 000 de moins.
L’Autorité aéroportuaire de Hong Kong, qui exploite l’un des principaux centres de passage et de fret d’Asie, a attribué cette forte baisse au recul du nombre de passagers entrants. En revanche, celui des usagers en transit et sortants a connu une légère croissance.
« Le trafic continue d’être affecté par la faible fréquentation. Les passagers en provenance et à destination de Chine continentale et d’Asie du Sud-Est ont enregistré les baisses les plus importantes », a déclaré l’autorité dans un communiqué.
Entre août et novembre, l’aéroport a reçu 3,3 millions de passagers en moins. Dan le détail, en octobre, la diminution avait été de 802 000, de 710 000 en septembre et de 851 000 en août. Autrement dit, des chutes mensuelles de 12 à 13 %.
En juin 2009, au plus fort de la crise financière mondiale, le trafic avait reculé de 18,9 %.
Hong Kong vise désormais les passagers en transit
Le marasme provoqué par le mouvement de protestation a été d’une portée non négligeable, comme l’illustre le retournement de situation comparativement au premier semestre. À l’époque, le nombre de passagers demeurait en effet en hausse, de 1,03 million par rapport à 2018.
À ce jour, l’infrastructure a accueilli un total de 65,8 millions de voyageurs. L’année passée, à la même période, ce chiffre s’élevait à 68,1 millions.
Le déclin de la fréquentation a d’ores et déjà dépassé les prévisions les plus pessimistes. Tandis que l’autorité anticipait une baisse à hauteur de 2 millions, le total devrait dorénavant avoisiner les 3 millions.
En vue de compenser le ralentissement du trafic, la plus grande compagnie aérienne de Hong Kong, Cathay Pacific, vise désormais les passagers en correspondance qui ne s’arrêtent pas dans la ville.
À cet égard, Cathay Pacific peut tabler sur le fait que près de la moitié de sa clientèle est composée de passagers en correspondance. Elle compte de surcroît s’appuyer sur des tarifs plus abordables pour les séduire.
Les compagnies du continent suppriment leurs vols
Novembre fut aussi le pire mois de l’année pour les compagnies sur le plan des réductions de mouvements depuis et vers Hong Kong. Selon les données de l’Association internationale du transport aérien, près de 10 % des sièges ont été retirés conséquemment aux annulations de vols.
Le mois dernier, Cathay Pacific a indiqué que sa capacité pour novembre et décembre serait réduite de 6 à 7 % en raison de la baisse de la demande.
Les compagnies aériennes de Chine continentale ont mené le bal de ce recul brutal. Par exemple, Xiamen Airlines a supprimé le gros de ses 26 vols hebdomadaires, tandis que China Eastern a ramené de 56 à 32 le nombre de vols Shanghai-Pudong — Hong Kong par semaine.
Le mois de novembre s’est avéré tout aussi difficile pour Hong Kong Airlines. Le climat des affaires a en effet poussé la troisième plus grande compagnie aérienne de la ville au bord de la faillite. D’où la suppression de certains services pour tenter d’enrayer la machine.
Pas de reprise à court terme
Comme l’Autorité aéroportuaire l’a souligné, les voyages en provenance de Chine continentale ont été très limités. Ceux-ci veulent en effet se tenir à l’écart des troubles qui secouent Hong Kong. Cathay Pacific est de surcroît victime du boycott de la part des touristes de Chine continentale et des sanctions infligées par le principal régulateur de l’aviation civile dans le pays.
Novembre apparaît généralement comme l’un des mois les plus calmes de l’année pour les voyages. Mais en réalité, l’ampleur du mouvement de protestation a exacerbé le phénomène.
De même, dans un contexte de tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, les volumes de fret ont poursuivi leur affaiblissement. Malgré le fait que cette période de l’année soit favorable aux livraisons de marchandises, la diminution s’est chiffrée à 3,4 % pour un total de 450 000 tonnes.
L’aéroport de Hong Kong pourrait subir une baisse de 7 à 8 % du trafic passager d’ici la fin de l’exercice 2020, qui s’achèvera le 31 mars 2020. Par ailleurs, une croissance timide d’à peine 0 à 2 % pourrait être enregistrée au cours des deux années suivantes, en corrélation avec l’évolution du PIB.