Les ventes de voitures neuves en Thaïlande devraient fléchir au troisième trimestre 2019, après l’annonce de chiffres négatifs pour un deuxième mois consécutif en juillet. Selon les distributeurs, le durcissement des conditions de crédit automobile imposé par la banque centrale constituerait la cause principale de ce recul.
En juin, pour la première fois depuis 30 mois, les ventes de voitures ont chuté de 2,1 % sur un an pour s’établir à 86 048 véhicules, selon les chiffres de la Fédération des industries thaïlandaises.
Wallop Treererkngam, directeur général des ventes et du marketing chez Suzuki Thaïlande, a annoncé que les livraisons avaient reculé de 1 % en juillet, exerçant de fait une forte pression pour les mois à venir.
« Tous les constructeurs souffrent du durcissement des critères d’attribution des prêts », a-t-il déclaré.
Début avril, la Banque de Thaïlande s’était penchée sur les opérations commerciales du secteur automobile qui comportaient des conditions trop laxistes pour l’octroi de financements.
L’institution n’a pas encore introduit de nouvelles mesures concrètes en réponse à cette enquête, mais de nombreuses banques ont déjà durci leurs modalités d’emprunt, a indiqué M. Wallop.
« La morosité de l’économie nationale n’a pas contribué aux achats de voitures et rien ne laisse présager d’une hausse à venir, de sorte que le marché attendra le lancement de nouveaux modèles au cours des derniers mois de 2019 », a-t-il encore ajouté.
La Thaïlande dispose néanmoins de fondamentaux suffisamment solides pour porter les ventes annuelles à plus d’un million de voitures, avoisinant ainsi les 1,04 million d’unités livrées l’an dernier.
20 % de refus de crédits pour les voitures neuves
Wichit Wongwatthanakan, directeur général de Ford Thaïlande, a expliqué que les constructeurs sont en principe responsables des ventes locales. Cependant, dans les faits, chaque commande reste en suspens tant que les institutions financières ne donnent pas leur accord aux clients.
« Les banques ont toute autorité et les concessionnaires automobiles doivent donc se plier à leurs décisions », a-t-il fait remarquer.
M. Wichit a précisé que les refus peuvent être classés en deux catégories. La première concerne les acheteurs dont la solvabilité est jugée limitée lors de l’inspection par le Bureau national du crédit.
La seconde, ceux qui ont une capacité d’emprunt, mais dont les apports et les garanties s’avèrent insuffisants.
Le taux de rejet de la part des partenaires financiers de Ford s’élève ainsi à 20 %, a indiqué M. Wichit.
Selon lui, les constructeurs automobiles doivent former leurs équipes commerciales afin qu’elles se montrent plus sensibles aux besoins des acheteurs et à leurs possibilités économiques, dans le but de leur offrir des solutions plus adaptées à leurs capacités.
« Cela permet de réduire les rejets de la part des banques, et les distributeurs seront en mesure de conclure leurs livraisons », a-t-il estimé.
Thee Permpongpanth, vice-président du marketing et des affaires administratives chez Mazda Thaïlande, a déclaré qu’une fois que la banque centrale aura annoncé les nouvelles mesures et conditions pour contrôler les prêts automobiles et la dette des ménages, les institutions financières se baseront sur ces normes pour les demandes de crédit.
La Thaïlande a connu une croissance rapide depuis la mise en place d’un programme visant à stimuler l’achat d’une première voiture il y a 6 ou 7 ans, a-t-il déclaré. De nombreuses campagnes ont ciblé les primoacquérants et les nouveaux arrivants sur le marché du travail, dont le levier financier apparaît faible, ce qui augmente la possibilité de créances douteuses.