Les travailleuses du sexe en Thaïlande ont récemment lancé une pétition pour demander la décriminalisation de la prostitution dans le pays et exhorter les autorités à abolir les sanctions pour toutes les activités liées.
La fondation Empower, une organisation qui aide les travailleuses du sexe, a indiqué qu’elle espérait recueillir 10 000 signatures et ainsi présenter la pétition au Parlement. Le but est de convaincre les législateurs de modifier la loi sur la prostitution dans le pays.
« Le droit punit les travailleuses du sexe. Parmi elles, 80 % sont des mères et le principal gagne-pain de toute la famille », explique Mai Junta, une représentante d’Empower.
« Cela fait de nous des criminelles », poursuit-elle.
Plus de 1 000 personnes ont déjà signé la pétition lancée samedi dernier (19 septembre).
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Bien que majoritairement bouddhiste et profondément conservatrice, la Thaïlande possède une industrie du sexe très importante, principalement destinée aux hommes thaïlandais.
À Bangkok et dans les grandes villes touristiques de Thaïlande, des hordes de visiteurs étrangers affluent également sous les lumières tamisées des « go-go bars » et des salons de massage.
Les activistes des droits des femmes et des LGBT+ affirment que les dispositions actuelles, qui ont rendu la prostitution illégale en 1960, ne protègent pas les travailleuses du sexe. En outre, les arrestations répétées et les amendes infligées à ces dernières les enfoncent encore un peu plus dans la pauvreté.
Le département des affaires des femmes auprès du ministère du Développement social et de la Sécurité humaine a déclaré qu’il était en train de remanier la loi sur la prostitution. Une audition publique devrait ainsi être lancée en ligne l’année prochaine. Néanmoins, aucun détail n’a été fourni.
Mieux protéger les travailleuses du sexe
« Nous sommes conscients des plaintes relatives aux violations des droits des travailleuses du sexe liées à cette loi… et nous ne négligeons pas leurs suggestions [d’abroger la loi] », indique un porte-parole du gouvernement.
Un rapport de 2014 de l’agence des Nations unies pour la lutte contre le sida estimait que la Thaïlande comptait 123 530 personnes qui travaillent dans l’industrie du sexe. Cependant, des groupes de défense des droits des femmes pensent que ce chiffre serait au moins deux fois plus élevé. Il faut en effet y intégrer des dizaines de milliers de migrants originaires des pays voisins, notamment du Myanmar (Birmanie), du Laos, du Cambodge et du Viêt Nam.
En Thaïlande, la prostitution est passible d’une amende maximale de 40 000 bahts (1 085 euros) ou de deux ans de prison, ou des deux. Ceux qui paient pour avoir des relations sexuelles avec des mineurs peuvent être incarcérés pour une durée qui peut atteindre six ans.
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Selon la police royale thaïlandaise, pour la seule année 2019, plus de 24 000 personnes ont été arrêtées, poursuivies et condamnées à des amendes pour des actes liés au commerce du sexe.
Surang Janyam, directrice de Service Workers in Group, une organisation de soutien aux travailleuses du sexe basée en Thaïlande, estime que la loi sur la prostitution doit être abrogée afin de permettre aux personnes concernées d’être couvertes par le droit du travail.
« L’industrie du sexe génère des revenus massifs [pour le pays], mais il n’y a pas de mécanisme pour protéger [les travailleuses du sexe] », souligne Mme Surang.